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Psychophilosophie

Psychophilosophie :

1- Le mouvement kinesthésique dans l’essence de l’être humain


Sur le plan philosophique, je m’appuie sur l’approche phénoménologique du corps décrite par Maine De Biran et reprise par Michel Henry (2006) :


L’aperception de soi est une perception directe, intuitive, présentielle. Ce mode de perception n’est pas une représentation intellective de soi mais une perception permanente et réductible à une simple présence de soi à soi.

Maine de Biran reprend le terme d’aperception de soi au sujet du sens intime qu’il décrit comme un sens originaire permettant de s’apercevoir un et permanent à travers l’effort (le mouvement)

La représentation du corps est de ce fait secondaire par rapport au sens premier qui est de se sentir exister au sein de « l’effort » ou mouvement.


Le mouvement est déjà de la pensé. Il n’est pas périphérique par rapport à la pensée mais au cœur de celle-ci.

Du postulat précité, découle l’unité de l’être où l’esprit et le corps ne sont pas séparés.

« Le corps n'est pas un instrument, car ce que nous appelons un instrument

est toujours au service de quelque chose d'autre qui l'utilise », or « il n'y a pas d'intermédiaire entre l'âme et le mouvement, parce qu'il n'y a entre eux ni distance, ni séparation. » M. Henry (2006).

Cette unité d’être chez le petit d’homme est reprise par D Stern quand il place le bébé déjà différencié de la mère dès le début de sa vie ; un bébé déjà entité et acteur avec une cohésion physique ressentie.

2- Intersubjectivité et processus imitatif 


- Aspect originel de l’intersubjectivité


Le sens intime de soi s’expérimente, le « je peux, je me meus donc je suis » affirmé par Maine de Biran (2006 M Henry), se vit au sein de la relation.

« Toutes les grandes fonctions biologiques (…) portent à leur manière la marque de cette condition originaire et paradoxale du sujet vivant qui consiste à être un soi en échange avec de l'autre, mêlé à l'autre dans un mouvement de s'unir et de se séparer ».

Michèle Gennart  (Colloque « Psychiatrie et existence. Conjonction nécessaire » Lausanne 2008) :

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- Processus imitatif

Vannotti et Berrini posant la dimension relationnelle comme essentielle au sein d'un acte thérapeutique placent les processus imitatifs comme nourrissant l’intersubjectivité.


3- Le moment présent « opportun » ou kairos


En tant que psychomotricienne, je m’intéresse davantage au vécu implicite de mon patient dans l’ici et maintenant de la relation que de la compréhension explicite de son histoire et de son comportement.

Pour Daniel Stern (2004), cet « ici et maintenant » est un moment présent avec une durée pendant lequel une histoire émotionnelle se déroule.

Dans ce voyage chorégraphique du moment présent se passant surtout en-dehors de la conscience, les partenaires ont créé un univers privé, partagé ; dès qu'ils quittent cet univers, ils découvrent que leur relation est modifiée et qu'ils ont accès à de nouvelles manières d'être avec soi et l'autre.

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4- Le regard puissant vecteur des affects de vitalité


L'importance du regard partagé est également très observée par l'équipe de Boston de D Stern.

Ce groupe de chercheurs ne craint pas d'écrire que l'on définit et redéfinit le soi en utilisant son reflet dans les yeux de l'autre. Dans ce processus d'échange de regards, on refaçonne et on consolide sa propre identité.

5- L’aspect hédonique 


Les données actuelles issues de l’observation directe de l’enfant sain plaident pour une dialectique simultanée entre le principe de plaisir et celui de réalité, le tout fonctionnant dès le début de la vie. Sans l’expérience hédonique, aucune perception ne peut être enregistrée.

« Il semble évident que l’aptitude du nourrisson à traiter la réalité doit être considérée à l’égal de l’aptitude à traiter l’hédonisme. » Au vu des découvertes actuelles, le principe de plaisir ne précède pas le principe de réalité mais l’accompagne. D Stern, p 301 (2006)



6- Déploiement du Soi de bébé selon les sens de Soi décrits par Daniel Stern

- Le sens de Soi émergent de 0 à 2 mois où prime les échanges d’affects de vitalité


- Le sens de Soi noyau de 2 à 7/8/9 mois où prime le ressenti cohésif et l’action propre de bébé


- Le sens de Soi subjectif de 8 à 15 mois où prime la nécessité de l’accordage affectif de part l’éloignement spatial


- Le sens de Soi verbal de 15 mois à 2/3 ans quand le mot vient se poser sur l’expérience de l’enfant


7- Genèse et organisation du mouvement


- Lois du développement neuro-moteur 


L’organisation du mouvement se réfère au développement neuro-psychomoteur, développement régi par les lois céphalo-caudale et proximo-distale.


L’organisation du mouvement neuro-moteur de bébé se fait par étage vertébral partant de la tête jusqu’aux pieds et des articulations proximales (épaules-hanches) à celles distales. Certains niveaux vertébraux sont repérés comme des points d’ancrage de ces lois de maturation : Cervicales Co-C1, Dorsale1, D4, D8, D12, Lombaire 3, niveau Coxo-fémorales, bassin pivot et appuis pieds-mains, posture bipodale et marche.

Cf :A Coeman et M-R H de Frahan « De la naissance à la marche ».


- Les réflexes ou réactions primaires 


Portés par différents schèmes neuromoteurs selon l’évolution ontogénétique,

les réflexes sont les lettres de base du mouvement et interviennent constamment dans l’évolution psychomotrice de notre être au monde : les lettres forment des mots puis des phrases qui sont nos coordinations enchaînées (B Bainbridge Cohen).

Chaque réflexe n’est pas seulement une boucle neuronale mais il porte en lui une vitalité au service de la conscience de soi, de la relation et de l’exploration.

La plus ou moins bonne aisance dans l'évolution corporelle d'un adulte nous dit quelque chose de la plus ou moins bonne intégration des réflexes et schèmes primaires.


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8 - Danse Libre et Naturelle

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Connue sous le nom de Danse Libre (I Duncan, R Malkovsky), elle a été à l'origine de ma recherche autour de la lecture du mouvement dans le champ de la psychomotricité.

Le seul grand principe du mouvement se trouve dans toutes les manifestations de la nature : les eaux, les vents, les végétaux, les êtres vivants, les parties intimes de la matière elle-même, obéissant à ce rythme souverain dont la ligne caractéristique est l'ONDULATION.

Avec F. Malkovsky (1889-1982) (dans « Repères en Danse Libre » de Nicole Arnoux revue EPS), voici quelques points de repères qui concernent les lois physiques régissant notre mouvement en posture bipodale :


Le mouvement naturel est très précieux car il est dans la continuité des premières coordinations ; la loi cephalo-caudale est arrivée à maturation avec des réflexes équilibrés et aisément maillés entre eux. La personne peut, à partir de ses appuis pieds et d’un redressement labyrinthique fort et souple, osciller et aller dans le mouvement essentiel de déséquilibre/rééquilibre par le désir/inspire initiateur du mouvement et le déplacement/replacement du bassin centre de gravité.


Le bassin devient le centre moteur où s’accumule l’énergie du mouvement et la propagation du mouvement se fait à travers la colonne vertébrale jusqu’aux extrémités, permettant le jaillissement du mouvement dans l’expansion. Les coordinations controlatérales sont aisées car provoquées par le déséquilibre et rééquilibre, par la torsion du buste et l'effet contrepoids des membres ; ainsi une bonne controlatéralité signe une grande aisance corporelle !

Il n'est pas très fréquent voire très rare d'observer ce mouvement chez nos patients et pour cause. Mais je trouve intéressant de tendre vers ces qualités du mouvement...

Aristote ne disait-il pas que le mouvement est porteur d'une joie propre.


Ce mouvement se déploie en posture bipodale et il se trouve dans le jeu ; c’est pourquoi il est si observable chez l’enfant de 4 ans… mais déjà restreint dès 6 ans quand l’enfant est obligé de se conformer à une culture du savoir privilégiant la posture statique et l’activité cérébrale au détriment de l'expérimentation corporelle et de la créativité.

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